CAMILLE : Pisteur-secouriste, gardienne des cimes et de la vie

Article publié dans le magasine Eglise en Savoie d’avril 2025.

Camille a 44 ans. Depuis plus de vingt ans, elle est pisteur-secouriste à Courchevel. Sa mission : veiller sur les skieurs et assurer leur sécurité. Mère de trois enfants et femme de militaire, elle jongle entre engagement professionnel et vie de famille avec une énergie impressionnante. Rencontre avec une femme de terrain.

VIVRE AU RYTHME DES CIMES

Les premiers skieurs n’ont pas encore pris les remontées mécaniques quand Camille et son équipe sont déjà en action. « À 8h20, nous sommes au vestiaire, prêts à ouvrir les pistes », explique-t-elle. La journée commence par une patrouille minutieuse : balisage, vérification des conditions de neige, sécurisation des zones à risque. « On s’assure que tout est en place pour que la montagne puisse être vécue sans danger. »

Être pisteur, c’est aussi être secouriste. « Nous avons le même diplôme que les pompiers ou les maîtres-nageurs sauveteurs. Dès qu’un skieur se blesse, c’est nous qui intervenons », raconte Camille. Un métier de terrain, éprouvant, qui demande à la fois technicité et sang-froid.

Enfin, Camille est aussi artificière. « La plupart d’entre nous le sont. Pour prévenir les avalanches, nous déclenchons des explosions contrôlées. » Des opérations précises et délicates, qui exigent rigueur et vigilance.

Si Camille connaît les sommets comme sa poche, elle n’est pourtant pas née en montagne. Originaire d’Alsace, elle a découvert le ski enfant, lors de vacances en famille.
« À 15 ans, à La Clusaz, j’ai eu une révélation en voyant les pisteurs en action. J’ai su que ce serait mon métier. » Depuis, la passion ne l’a jamais quittée. « Ça fait 23 ans que ça dure, et je n’ai jamais perdu la passion du métier ! » Une vocation qui allie engagement physique et dépassement de soi.

LA FOI AU SOMMET

La montagne n’est pas qu’un terrain de travail pour Camille, c’est aussi un lieu de contemplation et de spiritualité. « La montagne est le temple de Dieu », confie-t-elle. Dans la splendeur des cimes enneigées, elle trouve un écho à sa foi profonde.
Cette foi, elle la vit aussi dans l’exigence du quotidien. « La rigueur que j’ai dans ma prière transparait dans ma rigueur au travail. »

Elle l’aide à affronter les épreuves : « Dans ce métier, on est confronté à la souffrance, aux accidents, parfois à la mort. On ne peut pas rester indifférent. » Mais elle s’émerveille aussi des moments de grâce : « Une journée de ski parfaite, avec de la neige de rêve… C’est une splendeur qui invite à la gratitude. »

ENTRE MONTAGNE ET MATERNITÉ : UN ÉQUILIBRE PRÉCAIRE

L’hiver, la vie de Camille est un véritable numéro d’équilibriste. Son mari, militaire, est souvent absent en mission. « Il y a le travail et les enfants. On met sur pause certaines choses, comme les amitiés. »

Malgré un emploi du temps chargé, elle tient à préserver des instants de prière avec ses enfants. « On prie tous les jours ensemble. Et moi, seule, je me lève à 5h50 pour avoir un moment de prière avant que la journée ne démarre. »

Ce qui lui demande le plus d’organisation ? « Les déclenchements d’avalanches. Il faut faire cela tôt, et ça, en tant que mère, c’est l’acrobatie la plus marquante ! »

L’été, Camille troque ses skis pour des chaussures de randonnée. « Je suis accompagnatrice en montagne et plus présente pour mes enfants. »

Un équilibre entre deux saisons, entre passion et vie de famille, entre engagement et contemplation. À travers son métier et sa foi, Camille incarne une certitude : la montagne est un lieu, d’humilité et d’émerveillement, où l’homme se confronte à la grandeur de la création.

Propos recueillis par
Raphaëlle de Maisonneuve

19 mai 2025, mis à jour le 20 mai 2025